Objet du document
Le présent document est une note stratégique, à destination du ministère de la Culture et de la Communication (MCC), qui porte sur les enjeux culturels relatifs à l’essor des technologies numériques qui mobilisent et/ou modifient la pratique de la langue française.
La mission du consultant
Le ministère de la Culture et de la Communication (MCC) a lancé une « Étude sur les usages et applications des technologies de la langue » afin d’obtenir des outils de réflexion susceptibles de l’orienter dans sa stratégie, dans le cadre d’une politique qui vise à promouvoir la diversité linguistique et culturelle ainsi que la préservation et la valorisation de la langue française. L’étude a été pilotée à la fois par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) et par le Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS), et a été attribuée par appel d’offres à la société Media Consulting Group (MCG).
Lors de la réunion de démarrage, le cahier des charges a été revu et modifié. La mission du consultant a été redéfinie comme suit :
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Organisation de trois ateliers de réflexion avec des experts européens, sur des thèmes choisis en accord avec le comité de pilotage (voir ci‑après).
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Elaboration d’une note stratégique à destination du MCC
Méthodologie et objectifs
Pour parvenir à identifier les enjeux culturels des technologies de la langue, trois ateliers de travail ont été organisés :
Le premier atelier sur le thème « Evolution des métiers de la langue : enjeux culturels et économiques » a eu lieu le 15 février 2011.
Le deuxième atelier sur les thèmes « Evolution de la langue française sous l’impact des technologies » et « Pratiques et usages du Web » a eu lieu le 16 mars 2011.
Le troisième atelier sur le thème « Impact des technologies sur les ressources terminologiques : enjeux culturels et économiques » a eu lieu le 12 avril 2011.
Leur objectif était de débattre d’un certain nombre de thèmes liés aux usages des technologies de la langue, de manière non exhaustive mais indicative et exploratoire, en privilégiant trois points d’entrée spécifiques différents. Chacun de ces points d’entrée dans la question devait apporter un éclairage singulier et fournir de premières réponses aux grandes questions qui sous-tendent l’étude et qui pourraient être résumées de la façon suivante :
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Comment définir les « technologies de la langue » ?
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Quelle est leur influence sur les pratiques linguistiques ?
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Quels sont les enjeux culturels impliqués ?
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Quels sont les leviers d’action que le E pourrait utiliser pour intervenir dans ce domaine ?
Plan
La suite de cette note est structurée en trois étapes au long desquelles nous opérons un mouvement d’ensemble du type analyse → synthèse :
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Résultats des ateliers : suivant les thèmes abordés dans les ateliers, des éléments de réflexion hétérogènes sont apparus ; nous en présentons ici les principaux, atelier par atelier.
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Conclusions générales : en considérant l’ensemble de ces éléments de réflexion sous un seul regard, un certain nombre de conclusions plus générales peuvent être énoncées ; nous en donnons ici une présentation synthétique sous forme d’état des lieux des faits et des tendances à prendre en compte.
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Scénarios : dans cette partie sont indiquées succinctement les stratégies possibles qui se présentent au ministère de la Culture et de la Communication en ce qui concerne l’impact des technologies sur la langue.
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Recommandations : enfin, nous chercherons à formuler quelques recommandations stratégiques et opérationnelles en fonction du paysage décrit dans les parties précédentes et des réflexions internes du groupe d’experts Media Consulting Group.
En annexe nous fournissons la liste des participants aux trois ateliers et une bibliographie sélective.
Définitions
La définition de « technologies de la langue » peut varier selon les sources. Selon la définition du Programme Technolangue : « L’expression “technologies de la langue” désigne l’ensemble des produits et services qui ont pour objet le Traitement Automatique des Langues (TAL) ». Cette définition est plutôt d’ordre fonctionnel et donne lieu à un classement des différentes technologies par type de traitement (linguistique, formel, informatique).
Le programme européen Meta Net offre une définition plus axée sur les contenus : « Le terme “technologies de la langue” désigne l’ensemble des technologies informatiques spécialisées dans le traitement du langage humain ». D’après cette définition les technologies sont classées en fonction des contenus traités (texte, voix, image…)1.
Selon une autre source proche de Meta Net, on peut également se placer du point de vue du nombre de langues traitées, et dans ce cas les technologies peuvent être dites monolingues (quand elles traitent une seule langue), multilingues (quand elles traitent plusieurs langues) ou bien interlingues (quand elles permettent de passer d’une langue à une autre)2.
Enfin on peut citer la liste à plat de technologies-clés fournie par le programme de recherche Quaero3, à titre d’exemples : le traitement textuel, la traduction, le traitement de la parole, le traitement de l’audio et de la musique, le traitement de l’image et de la vidéo, le codage et la protection des données, le traitement intermodal, et les méthodes de recherche et de navigation pour les documents multilingues et multimédia.
Nous proposons de synthétiser ces différents points de vue dans la définition suivante : par « technologies de la langue » on entend l’ensemble des produits et des services s’appuyant sur le Traitement Automatique des Langues. Ce traitement peut concerner la langue aussi bien dans sa forme écrite, dans sa forme orale que dans sa forme iconique représentée par la langue des signes. Ce traitement peut concerner soit une seule langue (technologies monolingues) soit plusieurs langues traitées séparément (technologies multilingues) ou ensemble (technologies interlingues permettant de passer d’une langue à une autre).